Mon coeur de mère

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Alors que je vous écris ceci, Alice est hospitalisée depuis hier. Le rhume familial que nous nous sommes échangés au cours des derniers jours a sournoisement attaqué les voies respiratoires de notre bébé. Quand nous nous sommes présentés à l’urgence de Ste-Justine, elle toussait et sillait comme une vieille fumeuse. Et ça, c’est quand elle ne se noyait pas dans son mucus.

Nous avons rapidement vu une infirmière. Non seulement l’urgence était vide par ce superbe samedi estival (conseil d’amie: tombez malade la plus belle journée de l’année, y’a pas d’attente!), mais le cas d’Alice, si petite et si haletante, était prioritaire. Après une batterie de tests, la pédiatre suppose une pneumonie. Sous sa recommandation, on doit l’hospitaliser, lui installer une intraveineuse pour lui donner des antibiotiques et en attendant que ça passe, nettoyer régulièrement son nez et sa bouche des sécrétions.

D’une façon simple et factuelle, c’est ça qui s’est passé. Mais ajoutez une trame de fond: moi qui braille toute la journée. Je vous le confirme, il existe ce fameux « coeur de mère ». J’ai trouvé le mien et il était en mille morceaux.

D’abord, à cause de l’inquiétude. Ensuite, Alice a subi beaucoup de manipulations désagréables.

Pour les prises de sang, on pique le talon de l’enfant et on presse pour sortir les gouttes.

Pour la radiographie, on immobilise l’enfant sur un genre de deux par quatre avec plein de bandes velcro, du front aux chevilles. Le parent accompagnateur doit tenir ses petites mains au-dessus de sa tête au cas où il se détacherait. Jonathan l’a fait une fois, moi une autre; la première radio n’était pas claire.

Pour le nettoyage des voies respiratoires, on met une solution d’eau salée dans le nez de l’enfant puis on insère profondément un petit tube dans les narines et la dans la bouche pour aspirer le mucus.

Et finalement, pour installer l’intraveineuse, une préposée retient l’enfant pendant que deux infirmières gossent longuement avec une aiguille dans une main, puis dans l’autre pour trouver une veine assez grosse, pour finalement aller chercher une autre infirmière qui va la piquer dans le pied.

Maintenant, relisez les quatre derniers paragraphes, mais ajoutez une trame de fond: un bébé qui se débat et qui hurle. Mon bébé qui se débat et qui hurle. Et quand elle n’est pas en train de se débattre et hurler, elle tombe de fatigue, l’incarnation même de l’expression « faire pitié ». Extrêmement éprouvant.

Mais peut-être pas aussi éprouvant que la jeune fille de 18 ans, enceinte de 9 semaines, que nous avons croisé à l’urgence, en cruel manque de support, qui m’a répété au moins trois fois qu’elle était très jeune pour avoir un bébé et qui me demandait si accoucher faisait mal.

Ou encore ma voisine de chambre qui pleurait cette nuit à quatre heure du matin, après que son mari, excédé par je-ne-sais-quoi, la traite « d’esti de paresseuse » et quitte la chambre en trombe.

Et certainement pas aussi éprouvant que la situation d’une autre maman de Ste-Hyacinthe rencontrée à la salle des parents sur l’heure du midi, entrée d’urgence avec sa petite de deux ans en détresse respiratoire et qui allait se faire confirmer quelques jours plus tard qu’elle était atteinte de leucémie.

Finalement, après un examen approfondi des radiographies, Alice n’a pas de pneumonie. C’est une bronchiolite. Fiou. Tout ce qu’on peut faire, c’est aspirer le mucus qui l’incommode en attendant qu’elle prenne du mieux.

Ce billet est dédié à Guillaume et Maryse, dont le coeur de parents a été mis à rude épreuve pendant près de trois ans.