Il y a deux ans

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Alice a eu deux ans aujourd’hui. Il y a deux ans, on me l’extirpait des entrailles et une nouvelle vie commençait. Des nouvelles vies plutôt. La sienne et puis la nôtre, celle de parents qui venaient de gagner leur titre et qui allaient le conserver pour le restant de leurs jours.

J’ai beaucoup pensé à mon accouchement dernièrement. Je n’ai pas raconté mon accouchement sur mon blogue, même si vous savez que j’ai eu une césarienne et que j’ai été bien accompagnée. Je n’en avais tout simplement pas envie. Rétrospectivement, je pense que je voulais garder ce moment pour moi, que je voulais préserver l’intimité de ce rituel de passage.

Deux ans plus tard, j’essaie de me rappeler ce qui s’est passé. Je trouve ça assez fascinant de constater ce que ma mémoire a choisi de garder de cette quarantaine d’heures très spéciales.

J’ai le souvenir d’un jeune étudiant en médecine qui devait remplir un formulaire sur son petit pad à pince et qui me posait des questions alors que je venais à peine d’arriver à l’hôpital pour me faire « évaluer ». J’avais de très fortes contractions aux 4-5 minutes et je devais lui faire un signe avec l’index pour qu’il attende qu’elles passent pour continuer à me parler. Il était minuscule dans son sarrau et très mal à l’aise.

Nous avions amené quelques CD. L’infirmière qui s’occupait de moi était pas mal intéressée par mon choix musical et a pris en note 3 disques qui ont joué au cours de la soirée. Marie-Pier Arthur, Mara Tremblay et The XX pour les curieux.

Je me rappelle être toute seule, accrochée à mon poteau de soluté, en train de dealer avec une contraction et me dire « j’suis ben trop fatiguée pour accoucher ». Ça faisait 30 heures que j’étais en travail et que je n’avais pas dormi. Mon mental a lâché là là.

Le feeling de la péridurale qui embarque. Wow.

L’excitation, le soulagement et puis un petit stress quand j’ai su que j’allais avoir une césarienne. La certitude que j’allais enfin avoir ma fille dans quelques heures avec l’anxiété qui vient avec une grosse opération.

Quand on m’a roulée dans la salle d’opération, j’ai parlé à tous ceux « en haut » pour qu’ils nous donnent la force et la protection dont nous avions besoin. Ma gang d’anges et celle de Jon était avec nous, de notre côté du drap bleu. Jonathan me confiait tantôt que c’était le moment où il avait eu le plus peur et le plus d’espoir simultanément. Je me rappelle qu’il a pleuré beaucoup en-dessous de son masque.

L’anesthésiste était beau et il avait un accent espagnol.

Être consciente pendant qu’on t’ouvre, sentir des mains déplacer ton intérieur, c’est fou. Ta tête comprend pas trop, mais ton corps accepte.

Enfin, se sentir soudainement légère et dire « elle est sortie! »

Retenir son souffle pour l’entendre pleurer. L’entendre pleurer.

Le feeling de la péridurale qui défaille pendant qu’on te recoud. Ouch.

Voir enfin la face de son bébé et se dire « Fac c’est de ça qu’elle a l’air! C’est quoi son nom? »

Pour la petite histoire, Alice s’est appelée Simone pendant une journée avant qu’on change d’idée. Et ça ne fait pas partie du récit d’accouchement, mais je me rappelle la face des infirmières qui venaient constamment vérifier la cicatrisation de ma plaie: j’avais la plus belle cicatrice du mois, voire de l’année! Si vous êtes gentils, je vous la montrerai à la fête de 3 ans d’Alice.

NOT.

Bonne fête madame Poulet. xxx