7 jours à’pital: observations inspirées de notre séjour au bloc des maladies infectieuses

| 7 Comments

 À titre indicatif: ça fait plus d’une semaine que nous sommes sorties de l’hôpital, mais je ne trouvais pas l’énergie ni le temps pour écrire ce billet. J’ai préféré poursuivre l’unique activité possible dans la captivité de notre chambre: écouter de la porn pour femme en congé de maternité (Canal Vie et TLC). Mais j’ai aussi écouté tous les épisodes de Girls en une journée. Ça s’annule, hein? Oui?

bracelethopitalJe suis certaine que ce statut Facebook a jinxé la santé de ma plus jeune. Écrit au lendemain d’une nuit où les pompes d’Alice ne suffisaient plus à calmer sa toux et tout le reste, j’étais un peu abasourdie du fait qu’on soit encore rendus à Ste-Justine (« on » exclut la personne qui parle, c’est Jon qui a accompagné Alice). On avait passé à travers les Fêtes haut la main. J’espérais que les crises allaient s’espacer un peu. Mais suffit d’une amie de la garderie au nez qui coule et aux parents à la responsabilité douteuse pour que ça s’emballe par chez nous.

J’ai dû lancer un message un peu trop sarcastique à l’Univers parce qu’il n’a pas pogné le deuxième niveau. Léonie a évidemment attrapé le virus d’Alice. Cinq jours plus tard, j’arrivais à l’urgence avec mon bébé en détresse respiratoire pour un diagnostic que je connaissais déjà: une sale bronchiolite.

signesvitaux

Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais Alice a fait une bronchiolite à trois mois. Moi, je m’en rappelais très bien. Je savais exactement ce qui allait se passer. Savoir tout ça était à la fois rassurant et franchement déprimant. Au moins, l’inquiétude que j’avais était uniquement liée à l’état de Léonie et pas à l’entrée subite dans un processus médical inconnu et complexe.

Je n’ai pas mouillé la jaquette en flanelle de la petite en pleurant à grosses larmes cette fois-ci. C’est ma soeur qui nous accompagnait à l’urgence qui a eu le motton tout le long.

Ce déjà-vu a été tout de même utile. Alors que j’expliquais les raisons de notre venue à l’hôpital aux infirmières qui procédaient à notre admission, l’une d’entre elle s’est exclamée: « Vous connaissez bien le vocabulaire médical. » J’étais comme fière et fuck my life en même temps.

Nous avons revu une des résidentes qui avait suivi Léonie lors de sa mastite. Un mois plus tard, elle s’occupe encore d’elle. C’était drôle de la « retrouver ». Assez absurde aussi. En deux mois, je l’ai vue plus souvent que la plupart de mes amis.

J’ai énormément apprécié le travail de l’équipe médicale. À force de voir les mêmes infirmières aux mêmes shifts, à tous les jours pendant 7 jours, y’a une certaine convivialité qui s’installe. Elles sont su me guider et m’encourager tout en prenant grand soin de Léonie. Aussi, c’est assez sympathique d’avoir affaire à des médecins résidents qui ont ton âge. Je me sentais plus à l’aise. Et ils sont mieux habillés que les les vieux.

leo_alice_bronchiolite

L’histoire se répète… Léonie a eu sa bronchiolite lors des journées les plus froides de 2012 et Alice lors d’une grosse canicule en 2010.

Leçon de maternité: parfois, il vaut mieux s’en aller. Quand t’es épuisée, que t’en peux pu de voir ton enfant pas filer, que ça fait trop de fois que tu l’empêches de se débattre en tenant fermement ses mains au-dessus de sa tête pour une « toilette nasale »… C’est mieux de quitter la chambre. Partir faire un tour d’ascenseur ou aller se chercher un thé à la cafétéria. Ça ne fait pas de toi une meilleure mère si t’es là à chaque seconde.

Jonathan et moi sommes extrêmement chanceux d’être si bien entourés. Notre famille habite proche, nos amis sont nombreux et tous ont été très utiles lors de cette semaine plutôt éprouvante. Que ce soit en m’apportant des petits plats et un peu de compagnie, de l’aide logistique avec les transports et la garde de notre aînée (faut pas l’oublier elle non plus!), je suis tellement reconnaissante d’avoir ce vaste réseau à ma portée. C’est énorme.

Y’a rien comme un stress persistant pour te faire perdre le restant de bédaine de grossesse.

Ce que j’ai trouvé très difficile, c’est que l’état de Léonie ne prenait pas du mieux de jour en jour. La courbe de la convalescence n’était pas constante, c’était des montagnes russes. Bonne et mauvaise adrénaline, bonjour.

Depuis que je suis mère, je suis vraiment moins douillette. Je peux dormir à peu près n’importe où, notamment sur un lit de camp d’hôpital. Mais j’ai absolument besoin de ma douche quotidienne.

Autre leçon de maternité: ne pas hésiter à demander exactement ce dont on a besoin. Exemple: J’ai texté mes amies pour un group hug virtuel. Fait amusant: mes amies qui sont mamans ont toutes fait des suivis serrés de mon état mental et physique par après!

Photo0065

Sur le chemin du retour, j’ai eu l’impression d’avoir retenu mon souffle pendant une semaine. J’ai été inconsciemment solidaire du trouble respiratoire de ma fille.

Plus d’une semaine plus tard, repenser à cet épisode me fait penser à un mauvais rêve. C’est une bulle lointaine où les repères d’espace et de temps ne sont pas les mêmes. C’est comme si on m’avait sortie de ma vie, brassée ben comme il faut, et replacée exactement là où je me trouvais.

Et la frustration que je ressentais d’être à l’hôpital, (L’HÔPITAAAAAAL!!), de me demander constamment à quel moment on allait sortir, et bien je ne la ressens plus. Je me suis présentée à l’urgence en me disant que j’allais rester plusieurs jours, mais surtout le temps nécessaire. Je n’ai pas osé amener ma valise d’emblée, y’a des limites! Mais y’a certainement de quoi que je ne traîne plus avec moi, c’est l’énergie négative.

C’est peut-être ça que j’avais à apprendre de ces hospitalisations à répétition.