Pis, ton voyage?

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Ça fait une bonne semaine que je suis de retour de six jours à Munich, seule. J’étais en visite éclair chez ma soeur (et mon cher beau-frère) spécialement pour le dernier weekend de l’Oktoberfest. J’avais décidé de sacrer mon camp sur un coup de tête, vers le début de septembre, alors que les derniers mois de maternité à temps plein m’avaient vidée ben raide. C’était donc une cure de ressourcement par la bière, une méthode éprouvée mainte fois lors de ma glorieuse vingtaine. Même si je n’ai plus le foie aussi tough que pendant mes études universitaires, j’ai pleinement profité du Wiesn (le p’tit nom que les Allemands donnent à l’Oktoberfest) et de mon séjour en solo.

Ça a commencé dès mon arrivée à PET. J’étais extatique à l’idée d’être seule. D’attendre sans avoir à rien faire d’autre que ça, attendre. D’avoir pour tout bagages qu’une petite valise, un petit sac à dos et ma sacoche. Extatique mais super calme. J’ai été surprise par ma voix douce, presque faible, et mon débit lent lorsque j’ai passé les douanes. J’avais hâte de dormir dans l’avion.

Finalement, je n’ai presque pas dormi. Mais j’ai regardé des films sans interruption. DES films. SANS interruption. Ça doit être pour ça que j’ai pas dormi, j’en revenais pas.

Quelques heures après mon arrivée à Munich, après une douche et une sieste rapide, je revêtais mon Dirndl et tressait mes cheveux pour aller trinquer avec des milliers de personnes. Désolée, j’ai pas vraiment de photos de mon kit, parce que c’était plutôt frisquet, mais j’en ai de plein de passants allemands avec leurs costumes traditionnels. Hé oui, tout le monde est attriqué de même! Je pensais trouver ça quétaine, mais c’était plutôt beau et romantique.

munich1 munich2Les gens s’entassent donc dans des tentes (ci-haut) pour boire, boire et reboire en s’enfilant un p’tit poulet rôti ou un pied de porc avec un succulent accompagnement de salade de patates. Sérieusement, j’ai jamais mangé de la bonne salade de patate de même. Ils ne mettent pas de la mayonnaise, c’est plutôt un excellent dosage de moutarde et d’huile…

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Ça ce sont des biscuits en pain d’épices en forme de coeur. Y’en avait partout avec plein de mots que je ne comprenais pas. Disons que ma session d’allemand débutant à l’UQAM était loin. C’était y’a 10 ans. Fucking 10 ans. (AAAAAAAAAAAAH!)

Nous avons bu trois litres de bière chacun. J’ai réussi à caler mon dernier bock et être décemment saoule. J’ai beaucoup ri. J’ai titubé. J’ai hélé des étrangers. Et je me suis acheté un chapeau bavarois avec de longues plumes de faisan (que j’aime encore même sobre, yé!).

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(C’est elle ma soeur! Nadine écrit aussi un blogue. Et elle est plus drôle que moi.)

Au cours des jours qui ont suivi, j’ai visité le marché public, la vieille ville, le Deutsches Museum, le quartier universitaire, la rue commerciale, le musée d’art moderne. Je suis allée me perdre dans 2-3 quartiers, j’ai vu de magnifiques boutiques, librairies, restaurants. Un ruisseau ombragé, des parcs, un vieux cimetière, les dédales sous-terrains des bureaux de ma soeur et de mon beau-frère. Même s’il ne faisait pas très beau, j’en ai bien profité. Munich est une des villes les mieux cotées au monde côté qualité de vie. Surtout, j’ai passé beaucoup de temps dans le quotidien de ma soeur. La dernière fois que nous avons passé autant de temps ininterrompu ensemble, c’était avant que je parte en appartement. C’était fantastisch. Mais là, ça fait en sorte que je m’ennuie beaucoup plus d’elle… J’ose pas croire ce que c’est de son côté.

Parlant d’ennuyage… La personne dont je me suis le plus ennuyée lors de mon voyage, c’est Jonathan. D’habitude, c’est lui mon partenaire de voyage. J’aurai aimé qu’il soit là pour partager ce moment de liberté privilégié. Oui, j’avais réellement besoin de temps pour moi, mais je me suis rendue compte à quel point j’avais besoin de lui aussi. Il me manquait, à Munich, mais aussi à la maison.

Faut dire qu’il était parti quelques jours auparavant à New York pour un voyage d’affaires. Je prenais l’avion jeudi après-midi et il revenait vendredi sur l’heure du souper. Il y avait donc un 24h où les grands-parents ont été de garde. Une organisation supplémentaire, mais qui n’allait certainement pas m’empêcher de partir.

C’était important que je m’en aille. Non seulement pour ma santé mentale, mais aussi pour le reste de la famille. Pour que je confirme à tout le monde que je ne suis pas la seule personne indispensable. Pour que Jonathan apprenne à être seul longtemps avec ses filles. Qu’elles le connaissent aussi lorsqu’il porte tous les chapeaux. Qu’il se rende compte de ce que de tout ce que je fais en le vivant réellement. Qu’il ait confiance en lui et soit fier d’avoir relevé ce défi. 5 jours tout seul avec les enfants, comme première expérience de parent temporairement monoparental, ce n’est pas rien.

Je partais l’esprit tranquille. Je savais que les filles mangeraient plus de cochonneries. Qu’Alice aurait des nouveaux jouets pour la distraire de nos absences et calmer une crise ou deux. Que Léonie serait finalement sevrée. Que tout le monde serait fatigué. So what? Mais je ne me doutais pas que ma belle-mère rentrerait à l’hôpital et y resterait plusieurs jours (rien de trop grave, mais pareil) et que mon chum attraperait un virus s’apparentant à une mini-gastro… J’ai été inquiète pour Jonathan à cause de tout ça. Je sais comment ça peut être difficile d’être seul avec les enfants, avec un contexte comme celui là, j’avais un peu peur pour lui. Ça m’a trotté beaucoup dans la tête alors que je visitais la ville en solitaire. Ça me paraissait absurde d’être de l’autre côté de l’océan à flâner alors qu’il était dans une position vulnérable. Le lâcher prise n’a pas été évident cette fois-ci.

J’ai beaucoup pensé à mes filles, évidemment. À chaque fois que je voyais des bambins allemands, je voyais Alice et Léonie, j’essayais de les imaginer prendre l’avion et découvrir la ville (ce qu’elles feront l’année prochaine!). Je me trouvais chanceuse de les avoir. Juste de savoir qu’elles existent.

Mais la réflexion la plus inattendue m’est venue sur le chemin du retour. Attendre ce voyage m’a fait autant de bien que l’escapade comme telle. Savoir que je m’en allais m’a permis de passer à travers des soirées à gérer seule les cris et les dégâts, de relativiser, de patienter. Je savais qu’une récompense s’en venait pour tout ça. Je voyais le moment où je pourrais prendre mon souffle pour mieux repartir. Un effet secondaire salutaire. Qui l’eut cru?

Prost!