
L’été de mes 32 ans (My Girls)
Première semaine de rentrée terminée. J’ai eu envie de regarder par-dessus mon épaule pour voir de quoi l’été 2014 aurait l’air, de loin. Il ressemble à une bulle, un moment de flottement.
En y repensant bien, mon été a débuté le 12 juin 2014. Ce jeudi-là, il me restait exactement 11 jours avant de remettre le manuscrit de mon livre. J’étais fébrile, stressée, pas du monde. (Je vous remets la photo, constatez.)
En avant-midi, nous avions visité l’école de notre quartier. Alice allait débuter la prématernelle en septembre à cet endroit. Nous nous sommes entassés dans le gymnase et nous avons écouté le directeur nous livrer moults informations et feuilles multicolores avant d’explorer ces lieux construits à hauteur d’enfant. J’ai ravalé mes larmes tout le long. Les nouvelles étapes et les écoles primaires, ça me stimule le lacrymal.
Avant le dîner, je suis allée reconduire Alice, encore excitée par sa visite, à la garderie. Une fois ma grande entrée, la gardienne me prend à part: elle déménage. Ils ont enfin trouvé une maison! Je suis super contente pour elle et sa famille. Une maison sur la Rive-Sud. Je suis super triste pour nous. Pu de garderie au premier juillet. J’ai la même émotion que lorsqu’on se fait crisser là avec un « C’est pas toi, c’est moi. J’ai besoin de vivre autre chose. » Rupture avec un amour de gardienne.
Une fois le choc de la nouvelle amorti et mon manuscrit remis, je me suis dit : quelle chance. J’ai pas vraiment de contrats cet été. Je pourrais passer les deux prochains mois avec mes filles. J’en avais envie, même besoin. Je soupçonnais également mes enfants d’être dans le même état que moi.
Nous avions besoin de repos et de temps ensemble avant de repartir pour une nouvelle routine, une nouvelle vie de famille à l’automne. J’étais vidée de ma rédaction intense et solitaire. Prendre une pause de pertinence pour jouer, dessiner et regarder des bonshommes, ça me plaisait. Je n’ai même pas eu peur de m’ennuyer ou de me fatiguer davantage. « Un été sans garderie », ça sonnait bien.
Ce fut donc un été sans garderie.
Ou presque. Nous avons trouvé un CPE pour Léonie à la fin de juillet et elle y a fait une intégration très graduelle. Ma super cousine de 17 ans est venue jouer jusqu’à l’épuisement avec Alice lorsque j’ai eu des corrections à faire.
Ce fut un été de parc et de jeux d’eau. De sable, de béton et de gazon. De rien foutage, de pique-nique, de poussette. De crème glacée et de popsicles.
Ce fut un été sans trop d’obligations, un été de transition. Un privilège. Une chance, oui.
My girls, elles ont grandi. Je les ai vues. J’étais là.
C’est à moi, c’te grande affaire-là?